ShopDreamUp AI ArtDreamUp
Deviation Actions
Literature Text
À Mon Père.
(Ou les pérégrinations poétiques d'un papa pas banal).
T'es-tu déjà, lecteur, essayé à l'écrit ?
D'abord tu sais la fin, je t'en fais le pari.
Que l'on tâte au roman, au conte ou au poème,
C'est la fin qui commande : alors je dis "je t'aime"
Pour ne pas terminer sur ces mots si banals
Qu'on en oublie le sens alors qu'il est vital.
Connaissiez-vous Papa ? Comment non ? C'est dommage !
Je vais devoir vous faire un cours de rattrapage.
Un beau jour de juillet, année quarante-deux,
Lorsque tous les français voyaient la vie en chleuh,
Un bambin épatant nous montra sa frimousse
Le teint rose et l'œil bleu, riant, suçant son pouce.
Il était si mignon que l'on reprit espoir
Et la France attendit qu'arrive le grand soir.
Enfin le moment vient, le pays se libère,
Vous ne le saviez pas, mais c'est grâce à mon père !
Paré de tant d'atours, on jugea opportun,
De fort bien l'éduquer pour en faire un tribun.
Alors on le plaça (pour forger sa conduite)
Chez les maîtres rhéteurs que sont les bons jésuites.
Il apprend le calcul, la bible et le latin,
Il sait où sont le Tibre et le mont Palatin.
Mais il faut l'avouer : plutôt que le vieux Pline
Son grand ami est le… Préfet de discipline !
"Passe encore, Adrien, pour ce jet d'eau lancé
Sur le père sonneur par un matin glacé !
Mais aviez-vous besoin, pour combler la mesure,
De lui jeter aussi le seau à la figure ?
Et enfin quel enfer ! Quelle damnation !
Vous avez plaisanté sur l'Annonciation !
Cette fois s'en est trop, je mange ma soutane,
Jamais vous ne serez un bel et bon prytane."
Et ainsi, malgré lui, il fut remercié
Bien que son bel humour fut fort apprécié.
Il marchait en pensant : "Quelle déconfiture !
Je fais des cheveux blancs… Pourquoi pas la coiffure ?"
Sans perdre un seul instant, il mit à son profit
L'instinct du créa-tif, c'était un vrai défi.
Il était si doué, curieux et esthète
Que fort rapidement, il fut un chef… de tête.
Mais avant l'examen, pour lui un vrai tourment,
Il se passait au loin un gros événement.
On lui signifia, avec lui beaucoup d'autres,
Qu'aller combattre au sud feraient d'eux des apôtres.
Il partit vers Alger, vers le feu et l'acier
Mais on lui proposa de faire l'officier.
Il apprend la tactique et puis la stratégie,
Surtout l'obéissance, une vraie effigie
Chez tous les militaires, à jamais et partout
C'est une tradition, comme le garde à vous.
Et vous vous en doutez, c'est là que le bas blesse
Car papa s'amusait, riant, montrant ses fesses.
Et il faut l'avouer : plus que Clausewitz
Son grand ami c'est qui ? L'adjudant "serr'-la-vis" !
"Passe encore, Monsieur, pour cette caféine
Que vous aviez corsée avec quoi ? De l'urine !
Mais étiez-vous certain de devoir la servir
A notre capitaine en disant "bon plaisir" ?
Et enfin quelle horreur ! Etes-vous un bellâtre ?
Pourquoi voulez-vous donc faire ici du théâtre ?
Cette fois s'en est trop, je mange mes galons,
Jamais vous ne serez un gradé de salon !"
Et ainsi, malgré lui, il fut seconde classe
Bien que son bel humour ne laissa pas de glace.
Il marchait, méditant, "que ce monde est cruel !
Mais je suis un coiffeur… est-ce que le colonel
N'a pas quelques enfants, et une tendre épouse ?
Voilà l'occasion de revêtir ma blouse."
Et ainsi pour papa, la guerre ne fut plus
Qu'un échiquier, un verre et des ciseaux pointus.
Enfin plus de canons, il rentre alors en France,
Et c'est la vie pour lui qui entre dans la danse.
Il obtient sa maîtrise, et avec la mention*
Il s'installe à Pessac avec délectation. *
Il vit entrer un jour une fille superbe
Et il lui fait la cour, sur l'asphalte et sur l'herbe.
Cela marche fort bien, ils s'aiment éperdument
Tant et si bien qu'ensuite elle devient maman
De deux gamins fameux, dont ma sœur fantastique
Je veux leur dire ici mon amour poétique.
Je pourrais vous écrire encore tant de choses
Mais les mots ne sont rien comparés à ces roses.
Bien sûr je n'oublie pas les fidèles amis
Puisque vous êtes là, un peu tristes et bien mis.
Vous le connaissez bien, il est un peu timide
Mais je suis sûr qu'il a un petit pleur humide…
Car vous comprenez tous, avec monsieur Mozart,
Que c'est un jour spécial : Papa c'est toi la star !
Les paroles à venir s'adressent aussi à d'autres
Qui sont présent ici, disant des patenôtres.
Quelques fragiles mots pour dire le courage
Face à la maladie, et avec quelle rage
Tu l'as tant combattue (et souvent en riant)
En disant des bons mots dont nous étions friands.
Et je voudrais aussi parler de médecine,
Alors que dans le monde on viole, on assassine ;
Pendant que des milliards vont aux bombes à laser
Donnons quelques euros pour vaincre le cancer !
Mais le gagnant c'est toi, le plus fort c'est mon père
Tirant ta révérence et on te laisse faire
Jusqu'à la toute fin tu fus très élégant
Souriant, disponible et pudique et fringant
Tu es mort maintenant, pour les fêtes de Pâques,
L'aurais-tu fais exprès ? Cela rime avec Jacques.
J'aurai moi préféré que ton nom soit Firmin
Car tu serais resté jusqu'à la saint Glinglin !
Je voudrais pour finir dire combien je t'aime
Et te remercier, t'embrasser et puis même
T'avouer que parfois, si on a eu des mots,
Ce n'était pas sérieux car je suis ton marmot.
Bon voyage Papa, allez, salut l'artiste,
Le Mozart du brushing va débouler en piste.
Ca va twister là-haut, ils connaissent pas mon vieux
Il va vous défriser les anges et le bon Dieu.
Allons au cimetière, et sans stèle de marbre
Car il préférera un joli petit arbre.
Et dites lui encore une fois votre amour
Car il en a donné plus souvent qu'à son tour.
T'es-tu déjà, lecteur, essayé à l'écrit ?
D'abord tu sais la fin, je t'en fais le pari.
Que l'on tâte au roman, au conte ou au poème,
C'est la fin qui commence : alors je dis je t'aime.
Ton fils,
Frantz.
14 & 15 avril 2003, de 23h à 05h30.
(Ou les pérégrinations poétiques d'un papa pas banal).
T'es-tu déjà, lecteur, essayé à l'écrit ?
D'abord tu sais la fin, je t'en fais le pari.
Que l'on tâte au roman, au conte ou au poème,
C'est la fin qui commande : alors je dis "je t'aime"
Pour ne pas terminer sur ces mots si banals
Qu'on en oublie le sens alors qu'il est vital.
Connaissiez-vous Papa ? Comment non ? C'est dommage !
Je vais devoir vous faire un cours de rattrapage.
Un beau jour de juillet, année quarante-deux,
Lorsque tous les français voyaient la vie en chleuh,
Un bambin épatant nous montra sa frimousse
Le teint rose et l'œil bleu, riant, suçant son pouce.
Il était si mignon que l'on reprit espoir
Et la France attendit qu'arrive le grand soir.
Enfin le moment vient, le pays se libère,
Vous ne le saviez pas, mais c'est grâce à mon père !
Paré de tant d'atours, on jugea opportun,
De fort bien l'éduquer pour en faire un tribun.
Alors on le plaça (pour forger sa conduite)
Chez les maîtres rhéteurs que sont les bons jésuites.
Il apprend le calcul, la bible et le latin,
Il sait où sont le Tibre et le mont Palatin.
Mais il faut l'avouer : plutôt que le vieux Pline
Son grand ami est le… Préfet de discipline !
"Passe encore, Adrien, pour ce jet d'eau lancé
Sur le père sonneur par un matin glacé !
Mais aviez-vous besoin, pour combler la mesure,
De lui jeter aussi le seau à la figure ?
Et enfin quel enfer ! Quelle damnation !
Vous avez plaisanté sur l'Annonciation !
Cette fois s'en est trop, je mange ma soutane,
Jamais vous ne serez un bel et bon prytane."
Et ainsi, malgré lui, il fut remercié
Bien que son bel humour fut fort apprécié.
Il marchait en pensant : "Quelle déconfiture !
Je fais des cheveux blancs… Pourquoi pas la coiffure ?"
Sans perdre un seul instant, il mit à son profit
L'instinct du créa-tif, c'était un vrai défi.
Il était si doué, curieux et esthète
Que fort rapidement, il fut un chef… de tête.
Mais avant l'examen, pour lui un vrai tourment,
Il se passait au loin un gros événement.
On lui signifia, avec lui beaucoup d'autres,
Qu'aller combattre au sud feraient d'eux des apôtres.
Il partit vers Alger, vers le feu et l'acier
Mais on lui proposa de faire l'officier.
Il apprend la tactique et puis la stratégie,
Surtout l'obéissance, une vraie effigie
Chez tous les militaires, à jamais et partout
C'est une tradition, comme le garde à vous.
Et vous vous en doutez, c'est là que le bas blesse
Car papa s'amusait, riant, montrant ses fesses.
Et il faut l'avouer : plus que Clausewitz
Son grand ami c'est qui ? L'adjudant "serr'-la-vis" !
"Passe encore, Monsieur, pour cette caféine
Que vous aviez corsée avec quoi ? De l'urine !
Mais étiez-vous certain de devoir la servir
A notre capitaine en disant "bon plaisir" ?
Et enfin quelle horreur ! Etes-vous un bellâtre ?
Pourquoi voulez-vous donc faire ici du théâtre ?
Cette fois s'en est trop, je mange mes galons,
Jamais vous ne serez un gradé de salon !"
Et ainsi, malgré lui, il fut seconde classe
Bien que son bel humour ne laissa pas de glace.
Il marchait, méditant, "que ce monde est cruel !
Mais je suis un coiffeur… est-ce que le colonel
N'a pas quelques enfants, et une tendre épouse ?
Voilà l'occasion de revêtir ma blouse."
Et ainsi pour papa, la guerre ne fut plus
Qu'un échiquier, un verre et des ciseaux pointus.
Enfin plus de canons, il rentre alors en France,
Et c'est la vie pour lui qui entre dans la danse.
Il obtient sa maîtrise, et avec la mention*
Il s'installe à Pessac avec délectation. *
Il vit entrer un jour une fille superbe
Et il lui fait la cour, sur l'asphalte et sur l'herbe.
Cela marche fort bien, ils s'aiment éperdument
Tant et si bien qu'ensuite elle devient maman
De deux gamins fameux, dont ma sœur fantastique
Je veux leur dire ici mon amour poétique.
Je pourrais vous écrire encore tant de choses
Mais les mots ne sont rien comparés à ces roses.
Bien sûr je n'oublie pas les fidèles amis
Puisque vous êtes là, un peu tristes et bien mis.
Vous le connaissez bien, il est un peu timide
Mais je suis sûr qu'il a un petit pleur humide…
Car vous comprenez tous, avec monsieur Mozart,
Que c'est un jour spécial : Papa c'est toi la star !
Les paroles à venir s'adressent aussi à d'autres
Qui sont présent ici, disant des patenôtres.
Quelques fragiles mots pour dire le courage
Face à la maladie, et avec quelle rage
Tu l'as tant combattue (et souvent en riant)
En disant des bons mots dont nous étions friands.
Et je voudrais aussi parler de médecine,
Alors que dans le monde on viole, on assassine ;
Pendant que des milliards vont aux bombes à laser
Donnons quelques euros pour vaincre le cancer !
Mais le gagnant c'est toi, le plus fort c'est mon père
Tirant ta révérence et on te laisse faire
Jusqu'à la toute fin tu fus très élégant
Souriant, disponible et pudique et fringant
Tu es mort maintenant, pour les fêtes de Pâques,
L'aurais-tu fais exprès ? Cela rime avec Jacques.
J'aurai moi préféré que ton nom soit Firmin
Car tu serais resté jusqu'à la saint Glinglin !
Je voudrais pour finir dire combien je t'aime
Et te remercier, t'embrasser et puis même
T'avouer que parfois, si on a eu des mots,
Ce n'était pas sérieux car je suis ton marmot.
Bon voyage Papa, allez, salut l'artiste,
Le Mozart du brushing va débouler en piste.
Ca va twister là-haut, ils connaissent pas mon vieux
Il va vous défriser les anges et le bon Dieu.
Allons au cimetière, et sans stèle de marbre
Car il préférera un joli petit arbre.
Et dites lui encore une fois votre amour
Car il en a donné plus souvent qu'à son tour.
T'es-tu déjà, lecteur, essayé à l'écrit ?
D'abord tu sais la fin, je t'en fais le pari.
Que l'on tâte au roman, au conte ou au poème,
C'est la fin qui commence : alors je dis je t'aime.
Ton fils,
Frantz.
14 & 15 avril 2003, de 23h à 05h30.
Literature
Je danse dans la poussiere...
Je danse dans la poussière,
Les livres étalés par terre,
Dans un vieux grenier d'utopies
Au centre d'un cercle de chimères,
Les pieds sur des morceaux de verre
Qui ne blessent que les incrédules,
Un cristal de Bohème légendaire
Aux mille couleurs de crépuscule.
Les mains des fantômes amusés
Battent le rythme de cette transe joyeuse
Et les rires des muses aguicheuses
Les accompagnent d'une complicité fiévreuse.
Les flammes ne sortent pas de la bouche du diable
Mais de la cheminée de pierres chaleureuses
Qui nous réchauffe le cœur en &eacut
Literature
Un roti de Cupidon
"Patron.. je suis pas sûr que ça soit une si bonne idée..."
Un bruissement d'ailes presque froufroutant sur sa gauche le fit se retourner d'un bond, mais il ne put percevoir qu'un bref mouvement du coin de l'oeil. Ils étaient rapides, bien trop rapides. Jamais le vieux ne réussirait. De nouveau ce bruit soyeux, semblable à des ailes de tourterelles, mais bien plus proche. Dans son esprit il pouvait les voir, tournant au dessus de sa tête comme autant de vautours prêts à la curée.
"Patron!"
Le bruit assourdi des détonations résonna et tout autour d'Emmanuel une pluie de plumes comm
Literature
Caliban
They say this place
is the brothel
of my thoughts -
dirty gods and vacant wombs,
something unclean
left at the top of these stairs,
but forgotten when the world skips a beat
and light crawls its way
to the bottom.
I watch what moves
from the window -
that brave new world -
and know I am piecemeal,
unmade and too rough to the touch,
my kiss an unborn thing.
I sucked from my mother's teat
delicious malcontent
sour as summer nettles
to be my wormwood,
bereft of fine manners
or a back to hang them on.
But all is not as it seems.
I only play the monster
when the crowd demands blood,
for my back breaks
like any other man,
my visage worthy of grac
Suggested Collections
Featured in Groups
10 ans aujourd'hui
Mon père, mort depuis quelques jours à l'époque... La veille de son enterrement, je m'enferme et pond ce texte. J'ai essayé de lui faire honneur, avec légèreté et en alexandrins, son vers favori. Pardonnez certains aspects naïfs... Je ne l'ai jamais retouché. Il n'aurait pas voulu.
Mon père, mort depuis quelques jours à l'époque... La veille de son enterrement, je m'enferme et pond ce texte. J'ai essayé de lui faire honneur, avec légèreté et en alexandrins, son vers favori. Pardonnez certains aspects naïfs... Je ne l'ai jamais retouché. Il n'aurait pas voulu.
© 2011 - 2024 Exnihilo-nihil
Comments88
Join the community to add your comment. Already a deviant? Log In
C'est un magnifique hommage, vraiment poignant.